Sebastian Barry : « Le romancier est victime de son livre »

Sebastian Barry porte en lui un cortège de voix oubliées, surgies des méandres les plus tortueux de l’histoire irlandaise. Avec ces damnés du passé, il construit une œuvre virtuose et protéiforme, habitée par le souci de donner au lecteur un « soupçon de joie ».

  Vous poursuivez avec Du côté de Canaan le portrait d’une famille inspirée de vos racines irlandaises. D’où a surgi le besoin de composer cette vaste fresque ? On ne sait jamais précisément d’où vient la nécessité d’écrire. Après avoir publié mes premiers romans et nouvelles au début des années 1980, je me suis mis à écrire des pièces de théâtre. Et il s’est trouvé que ces pièces avaient pour sujet des membres de ma famille dont la vie était, pour différentes raisons, passée sous silence – qu’ils aient mené une existence scandaleuse, commis des erreurs politiques ou bien encore appartenu à la mauvaise communauté religieuse. Lorsque j’étais enfant, je ne connaissais presque aucun représentant de ma famille élargie, qui était pourtant immense. De Cork à Galway en passant par Wicklow, le pays regorgeait littéralement de cousins, de grands-oncles et tantes… Mais aucun ne venait jamais chez nous. Ma mère, une comédienne très talentueuse, et mon père, un architecte, étaient souvent absents. Ils appartenaient à la bohème dublinoise des années 1960 et avaient conclu des œuvres ...
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