Aux sources du djihad moderne
Publié le 28 février 2019. Par Amandine Meunier.
L’Algérien Boujoumaa Bounoua, alias Abdallah Anas, a quitté son pays en 1982, à l’âge de 24 ans pour combattre les Soviétiques en Afghanistan. Là-bas, il a côtoyé Oussama Ben Laden, Ahmed Chah Massoud et a épousé la fille du Palestinien Abdallah Azzam, l’idéologue du djihad moderne assassiné en 1989. Interdit de séjour en France et en Algérie du fait de ses liens avec le Front islamique du salut (FIS), Anas vit à à Londres depuis 1995.
Le djihadisme par l’un des leurs
Régulièrement interviewé dans les médias depuis les attentats du 11-Septembre, il publie aujourd’hui avec le journaliste Tam Hussein To the Mountains le récit de ses années d’« arabe afghan ».
Le livre est « une tentative inhabituelle d’explication des motivations des djihadistes par l’un des leurs », estime Richard Spencer, correspondant de The Times au Moyen-Orient. Il rappelle qu’Anas s’est toujours opposé à l’extension internationale du djihad.
Djihad « modéré »
Dans To the Mountains, l’ancien combattant explique que les enseignements de son beau-père Abdallah Azzam ont été dévoyés. Ben Laden et consorts ont rejeté sa vision plus modérée du djihad. « C’est peut-être en partie vrai, et Azzam n’a peut-être pas explicitement encouragé le terrorisme tel que nous le connaissons depuis quelques années, concède le journaliste spécialiste du djihadisme Jason Burke dans The Guardian mais, en affirmant que les musulmans sont tenus de défendre la communauté des croyants partout où elle est attaquée, il a contribué au projet de création d’une force internationale d’activistes combattant l’Occident et les autres ennemis des croyants qui a pris corps dans les années 1980. »
À lire aussi dans Books : L’étrange cas du Dr Saoud et de Mr Djihad, mai 2016.