Theresa May, Talleyrand et le Brexit
Le livre de Linda Kelly, Talleyrand in London, porte sur la dernière décennie de la longue et tumultueuse vie du prince Charles Maurice de Talleyrand-Périgord. Lorsque ce dernier est nommé ambassadeur à Londres, en 1830, il a déjà 76 ans. Sa mission, selon Linda Kelly, est de rendre le nouveau gouvernement de Louis-Philippe « respectable » aux yeux de la monarchie britannique.
A l’en croire, il s’emploie d’abord à faire de l’Ambassade française un haut lieu de rencontres – et de gastronomie – franco-britanniques. Flanqué par sa nièce, la resplendissante et très ouverte d’esprit Duchesse de Nino (Dorothée de Courlande), Talleyrand reçoit comme personne, alternant dîners fins et échanges confidentiels. Mais sa mission n’est pas que mondaine : la crise belge lui offre une occasion de déployer ses talents de diplomate. Contrairement aux attentes, Talleyrand plaide pour une reconnaissance d’un Etat belge indépendant, rassurant ainsi le reste de l’Europe sur les velléités expansionnistes de Paris. Même si les historiens restent partagés sur son rôle, cet épisode éclaire d’un autre jour celui que l’on surnommait le « diable boiteux ». « Frapper du poing sur la table en donnant des leçons, n’était pas son style, écrit The Spectator. Il parvenait à ses fins en usant de ses charmes et de sa duplicité – notamment en persuadant ses adversaires que ce qui était dans les intérêts de la France pouvait être aussi dans les leurs ». Et au magazine de conclure que ce livre devrait être lu de toute urgence par Theresa May et toute son équipe chargée de négocier le Brexit.
A lire aussi : Talleyrand réhabilité, Books, février 2012.
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