Talleyrand réhabilité

« Talleyrand est l’un des personnages historiques qui ont le plus donné prise aux fantasmes de tous genres », estime Jochen Schimmang dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Celui que ses ennemis surnommèrent « le diable boiteux » et que Napoléon traita un jour de « merde dans un bas de soie » passe, il est vrai, pour la quintessence de l’opportunisme, de la fourberie, mais aussi de la survie politique…

« Talleyrand est l’un des personnages historiques qui ont le plus donné prise aux fantasmes de tous genres », estime Jochen Schimmang dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Celui que ses ennemis surnommèrent « le diable boiteux » et que Napoléon traita un jour de « merde dans un bas de soie » passe, il est vrai, pour la quintessence de l’opportunisme, de la fourberie, mais aussi de la survie politique (il a servi presque tous les régimes de Louis XVI à Louis-Philippe), du cynisme, de la corruption, au mieux de la diplomatie. Dans une nouvelle biographie, l’Allemand Johannes Willms a entrepris de « démythifier » le célèbre homme d’État, même si, note Schimmang, « ce n’est pas dit explicitement ». « Talleyrand passe par exemple pour une “éminence grise”, alors qu’il n‘est jamais vraiment resté dans l’ombre, comme les éminences grises le font habituellement… » Willms trouve de bonnes raisons à toutes ses « trahisons ». Que l’ancien évêque d’Autun ait proposé de nationaliser les biens de l’Église montrerait ainsi son sens de l’État, lequel avait un besoin urgent de renflouer ses caisses. Même chose lorsqu’il s’abouche avec l’Autriche et la Russie alors que Napoléon leur fait la guerre : il s’agissait de ménager les intérêts de la France en prévision d’une défaite inéluctable…

Willms n’est cependant pas dupe des reconstitutions parfois douteuses que Talleyrand propose de son enfance. Le portrait très négatif qu’il brosse de ses parents est ainsi sans doute passablement exagéré. Selon lui, ils prirent prétexte de son pied bot pour l’écarter de la carrière militaire. Il oublie qu’un pied bot lui aurait de toute façon interdit ladite carrière… 

 

LE LIVRE
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Talleyrand. Le virtuose du pouvoir de Talleyrand réhabilité, C. H. Beck

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