Le travail à l’ère des robots
Publié le 23 juin 2019. Par Pauline Toulet.
Qu’ont en commun les chauffeurs de taxi, les journalistes, les médecins et les réceptionnistes ? Ils seront parmi les premiers à être remplacés par des robots. C’est du moins ce que soutient le journaliste argentin Andrés Oppenheimer dans son dernier ouvrage Sálvese quien pueda. Lauréat d’un prix Pulitzer et chroniqueur pour The Miami Herald, Oppenheimer s’est lancé dans une enquête qui dura cinq ans après avoir entendu un chiffre préoccupant : 47% des emplois risquaient de disparaître dans les quinze prochaines années, affirmaient deux économistes d’Oxford dans une étude publiée en 2013. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce chiffre ne concerne pas que les États-Unis ou les pays les plus industrialisés. Le taux d’emplois menacés est bien plus élevé en Amérique latine, souligne Oppenheimer, parce que ces pays concentrent davantage d’emplois dans l’industrie manufacturière où il est aisé de remplacer les ouvriers par des machines.
Vivre avec les robots
La question principale soulevée par Oppenheimer est la suivante : pourrons-nous, à l’avenir, créer plus d’emplois que nous en détruisons ? Pour y répondre, il a opté pour le « modus operandi qu’il avait déjà utilisé pour ses trois livres précédents : se rendre dans les plus grands instituts de recherche et interviewer les principaux spécialistes pour en tirer ses propres conclusions », commente Bernabé Sarabia dans le magazine El Cultural. Son enquête l’a mené d’un bout à l’autre de la planète : il a visité des hôtels tenus par des robots réceptionnistes au Japon, parcouru des usines entièrement robotisées en Corée du Sud et mangé dans les meilleurs restaurants automatisés de San Francisco. À l’issue de son investigation, il se définit comme « techno-pessimiste à court terme et techno-optimiste à long terme », confie-t-il au quotidien argentin La Nación.
Le futur du travail
Oppenheimer estime que la transition sera brutale, mais qu’in fine les progrès technologiques entraineront des bénéfices notables. Le premier d’entre eux sera l’accroissement du temps de loisir, entraînant la redéfinition de notre rapport au travail. « L’idée que le travail est ce qui donne un sens à notre vie est un concept relativement récent, qui peut très bien être transitoire », expose Nick Bostrom, un philosophe suédois interviewé par le journaliste. À tous ceux qui craindraient, malgré tout, de se retrouver désœuvrés, Oppenheimer liste les emplois d’avenir : analyste de données, ingénieur et programmeur informatique, spécialiste des énergies renouvelables et…guide spirituel.
À lire aussi dans Books : « Le crépuscule annoncé du travail humain », février 2015.