Un enfant du Midwest
Publié dans le magazine Books n° 27, novembre 2011.
« Si Chris Ware avait quelques années de moins, avait grandi dans un foyer plus religieux et était moins formaliste, il aurait pu devenir Joshua Cotter », estime Andrew Wheeler sur le site spécialisé ComicMix.com. La comparaison du jeune Cotter (il est né en 1977) avec l’une des légendes vivantes de la bande dessinée américaine en dit long sur son talent. Pour Tom Spurgeon du Comics Reporter, son coup d’essai, qui sort ce mois-ci en français, est un coup de maître, « l’un des meilleurs premiers romans graphiques de la décennie ».
« Si Chris Ware avait quelques années de moins, avait grandi dans un foyer plus religieux et était moins formaliste, il aurait pu devenir Joshua Cotter », estime Andrew Wheeler sur le site spécialisé ComicMix.com. La comparaison du jeune Cotter (il est né en 1977) avec l’une des légendes vivantes de la bande dessinée américaine en dit long sur son talent. Pour Tom Spurgeon du Comics Reporter, son coup d’essai, qui sort ce mois-ci en français, est un coup de maître, « l’un des meilleurs premiers romans graphiques de la décennie ».
L’ouvrage est fait d’un grand nombre de petites histoires – jusqu’à trois par page –, essentiellement consacrées à une famille d’une petite ville, quelque part dans le Midwest américain, en 1987. Le fils aîné, un peu enrobé et rejeté par ses camarades, se réfugie dans un univers imaginaire peuplé de robots. Il est âgé de 10 ans (comme Cotter en 1987) et n’est jamais nommé, pas plus que ses parents. Seul le petit frère a un nom – Jeffrey – qui se trouve être le même que celui de l’auteur dans la vraie vie… Cotter reconnaît dans un entretien au Comics Reporter que son livre est « à demi autobiographique ». « À demi » seulement, car il introduit des passages de pure fiction. La distance se manifeste d’ailleurs d’emblée par le choix de représenter les personnages sous forme de chats anthropomorphes, « aux grands yeux blancs et néanmoins expressifs », note Andrew Wheeler. Sur Examiner.com James Defebaugh estime que « l’art de Cotter est magnifique. Ses figures de félin transmettent plus d’émotion que bien des humains dessinés par des artistes grand public ».
Roman d’apprentissage
Les Gratte-Ciel du Midwest met en scène les petits événements du quotidien : le héros doit porter des lunettes, lui et son frère trouvent des chatons, ils prennent le car scolaire, vont chez leur grand-mère… La spécificité de cette existence tient au lieu où elle se déroule : une petite communauté très religieuse, où les familles vivent totalement isolées les unes des autres. La succession d’épisodes tantôt joyeux, tantôt douloureux finit par former une sorte de roman d’apprentissage, à en croire Wheeler : « Le monde de Cotter n’a pas la suffocante inexorabilité de celui de Chris Ware. Son jeune héros apprend petit à petit à entrer en relation avec les autres, notamment avec son frère. Son existence est peut-être dure pour le moment, mais il va de mieux en mieux et mûrit. Les autres enfants peuvent bien en faire leur souffre-douleur, le monde ne se réduit pas à eux – ce n’est pas là le schéma inévitable de sa vie. »