Un mythe allemand

Il a joué un rôle décisif dans la formation de l’Allemagne moderne. Pour nos voisins d’outre-Rhin, Napoléon a été pendant cent cinquante ans un reflet de leurs peurs et de leurs espoirs, un objet de haine et d’admiration. Hitler a été perçu comme sa réincarnation. Ce qui a mis fin au mythe.


« Goethe rencontre Napoléon » (2016), de l’artiste allemand Rainer Ehrt. En 1808, une entrevue fameuse eut lieu entre le grand écrivain et l’Empereur.

«Au commencement était Napoléon. » Très souvent citée, cette phrase de l’« Histoire allemande » de Thomas Nipperdey donne une petite idée de l’influence exercée par l’empereur des Français outre-Rhin1. Aucune autre personnalité étrangère n’a joué un rôle aussi décisif dans la formation de l’Allemagne moderne. Napoléon dissout un Saint Empire romain germanique déjà déliquescent en 1806, crée la Confédération du Rhin, humilie la Prusse et l’Autriche ; Hambourg et Lübeck appartiennent quelque temps au département français des Bouches-de-­l’Elbe… Des traditions parfois millénaires sont abolies et remplacées par le Code civil. Le grand homme fait entrer brutalement cet agglomérat de petits États qu’est alors l’Allemagne dans la modernité postrévolutionnaire.
Étrangement, ce rôle lui a été reproché surtout par des… Français ! Ils ont pu l’accuser, à l’instar de Jacques Bainville dans son Histoire de France2, d’avoir joué à l’ap­prenti sorcier. C’est qu’en simplifiant la carte embrouillée de l’Allemagne, en la faisant passer, ...

LE LIVRE
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Le mythe de Napoléon en Allemagne de Barbara Besslich, Wissenschafltliche Buchgesellschaft, 2007

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