Publié dans le magazine Books n° 47, octobre 2013.
En symbiose avec l’armée et surprotégés par l’État hébreu, les 500 000 Israéliens de Cisjordanie bafouent impunément les droits de leurs voisins et les principes de la démocratie.
Israël est-il devenu l’otage de ses colons ? C’est en tout cas ce qu’affirment l’historienne Idith Zertal et le journaliste Akiva Eldar, pour qui les quelque 500 000 Israéliens de Cisjordanie se comportent aujourd’hui en « “seigneurs de la terre”, piétinant allègrement non seulement les droits de leurs voisins palestiniens, mais aussi les principes fondamentaux de la démocratie israélienne », résume Reuven Pedatzur dans
Haaretz. Dans leur ouvrage, initialement paru en 2005 et qui sort ce mois-ci au Seuil assorti d’une nouvelle préface, ils présentent les implantations comme un véritable État dans l’État, aux visées hégémoniques. Non contents de s’affranchir des règles en vigueur en Israël, les colons seraient parvenus à
détourner à leur profit les institutions nationales. Principal levier de cette entreprise de subversion : l’armée. Zertal et Eldar racontent comment, depuis 1967, grâce à l’action décisive du mouvement messianique Goush Emounim, les liens entre les colons et les troupes déployées dans les Territoires occupés n’ont cessé de se renforcer. À tel point, écrit Henry Siegman dans la <...