Méconnu – La droite allemande et le passé nazi

En 1961, le ministre des Armées de la République fédérale d’Allemagne (RFA), Franz Josef Strauss, figure de la droite conservatrice, publie et préface un recueil de lettres de soldats juifs allemands tombés au front pendant la Première Guerre mondiale. Quelques années plus tôt, le même homme tenait un discours lors d’un banquet d’anciens Waffen SS et refusait de voter l’indemnisation des victimes juives du nazisme. En exhumant ce livre méconnu, édité en 1935 et aussitôt interdit par les nazis, Strauss ne poursuivait que des objectifs de politique internationale. Mais le succès de cet ouvrage qui décrit les Juifs en « citoyens loyaux envers la mère patrie » a aussi « invité le grand public à voir les victimes juives du nazisme comme des Allemands » et a « catalysé » le questionnement du pays sur son passé, souligne l’historien britannique Tim Grady dans European History Quaterly.

Les historiens expliquaient traditionnellement l’apparition de cette Schuldfrage (question de la culpabilité) qui taraude la RFA depuis les années 1960 par l’action des étudiants, de certains milieux littéraires et de la gauche arrivé...

ARTICLE ISSU DU N°8

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