De l’homophobie chez les Grecs
Publié le 17 mai 2016. Par La rédaction de Books.
Les Grecs de l’Antiquité auraient pu faire figure de modèles de tolérance en cette Journée internationale contre l’homophobie. Cette civilisation considérait en effet de la même manière les relations hétérosexuelles et homosexuelles. Oui, mais uniquement si le sexe entre hommes était pratiqué dans les bonnes circonstances, au bon moment et de la bonne manière, rappelle le spécialiste Byrne Fone dans Homophobia: A History. L’objet du désir, homme ou femme, chez les Grecs, ne fait rien à l’affaire. L’important, c’est le statut de la personne dans la hiérarchie sociale et sexuelle, et la nature de l’acte lui-même. La loi grecque ne condamne pas les relations entre individus de même sexe, sauf le viol, ni les relations entre esclaves et garçons libres ou entre adultes et enfants. Mais l’homme grec idéal, c’est-à-dire le citoyen mâle adulte, se doit d’être toujours le partenaire dominant. Les jeunes hommes et les femmes sont considérés comme passifs et donc légitimement désirables. L’homosexualité devient problématique quand elle défie ces conventions. Certains comportements sont massivement moqués ou rejetés : un homme adulte acceptant ou recherchant le rôle du partenaire passif, soumis, est réputé esclave de ses désirs. Il est unanimement réprouvé pour avoir perdu tout contrôle de soi et abdiqué sa virilité naturelle. Dans les satires d’Aristophane, l’homme efféminé et le travesti sont autant des personnages-types que l’homosexuel passif. L’écrivain attribue ces rôles à des hommes puissants (politiciens, aristocrates et philosophes…), laissant ainsi entendre qu’ils ne sont pas « de vrais hommes ». Même Platon, qui a décrit l’idéal homoérotique dans Symposium, y renonce dans les Lois où il souligne que l’homosexualité est un crime contre nature. Le mot homophobie, lui, n’apparaîtra que bien bien plus tard, dans les années 1960, rappelle Byrne Fone.