Arthur Conan Doyle, comme la plupart des auteurs de romans policiers, semble jouer franc jeu avec le lecteur et lui donner tous les indices nécessaires à la résolution du mystère. Ce n’est pas tout à fait vrai. Il s’appuie sur un de nos biais cognitifs, la « malédiction de la connaissance », assure Vera Tobin dans
Elements of Surprise. Cette spécialiste américaine des sciences cognitives a étudié des œuvres de fiction (romans ou films) des XIXe et XXe siècles pour comprendre comment notre cerveau de lecteur ou de spectateur se ligue avec l’auteur pour produire l’« effet de surprise ». « Dans son analyse du mécanisme de la “surprise”, Tobin mobilise les sciences cognitives comme outil précieux de critique littéraire », écrit l’universitaire Gail Marshall dans
Times Higher Education.
Dans la vie, l’être humain assemble les informations à sa disposition pour donner un sens à son environnement. C’est ce qu’il fait aussi quand il lit un roman. Mais, à trop vouloir assembler les pièces du puzzle, il oublie celles qui lui manquent. Il croit avoir tous les éléments sous les yeux, mais il ne les ...