À la conquête de l’Inde

Modeste institution semi-privée au départ, l’East India Company a conquis l’Inde et s’est imposée au XVIIIe siècle comme la plus puissante société commerciale du monde. William Dalrymple raconte son histoire et ses méthodes contestables.


En 1857, la révolte des cipayes, ces soldats indigènes formés par l’Empire britannique, entraîna la dissolution de l’East India Company.

Les grandes figures du passé colonial anglais se voient aujourd’hui déboulonnées l’une après l’autre, et pas seulement au figuré. La Compagnie britannique des Indes orientales (EIC), l’institution phare de la colonisation britannique, est évidemment du lot, et à fort juste titre, comme le démontre William Dalrymple. Cet écrivain voyageur devenu historien vit en Inde, parle les langues vernaculaires et descend lui-même d’un des administrateurs de l’EIC. Dalrymple retrace comme de l’intérieur le parcours de cet étrange organisme, partenariat public-privé avant la lettre avec sa charte et son capital « à la disposition du gouvernement », depuis sa création, en 1600 (pour contrecarrer les succès commerciaux outre-mer des nations rivales de l’Angleterre). Après des débuts modestes – juste quelques gros bonnets, plus un embryon de service administratif dans « une petite maison à cinq fenêtres » d’une ruelle de la City –, l’EIC conquiert des comptoirs commerciaux à Bombay et Calcutta, puis, profitant de ce que sa charte lui octroie en plus de juteuses exonérations fiscales, elle finit par s’emparer de tout le sous-­continent indien.