Amis publics
Publié dans le magazine Books n° 20, mars 2011.
Une image plutôt lamentable du débat intellectuel français.
« Tout, comme on dit, nous sépare – à l’exception d’un point, fondamental : nous sommes l’un comme l’autre des individus assez méprisables », dit Houellebecq à BHL dans sa première lettre fictive à son interlocuteur. C’est l’un des rares moments de cet exercice épistolaire où l’on sent passer le souffle d’une authentique autodérision, estime l’essayiste Ian Buruma dans le New York Times. Pour le reste, ils se prennent l’un et l’autre terriblement au sérieux, sans autre motif apparent que leur célébrité. Professeur à New York, Ian Buruma est l’auteur de On a tué Theo Van Gogh. Il présente le livre, désormais traduit en anglais comme un « roman comique », une « brillante satire » (involontaire) « sur la vanité de l’écrivain ». Il cite une série de passages plus consternants les uns que les autres, dressant au passage un portrait assez classique de BHL : « Moins connu [que Houellebecq] pour son esprit, il aime se montrer à la hauteur de sa réputation de personnage comique, surgissant ici, là et partout avec sa belle chemise blanche ouverte à mi-hauteur de poitrine, dégoisant sur tous les sujets,...