Dossier
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Un ancien trader au chevet de la science

En biomédecine et en psychologie, la plupart des articles scientifiques sont biaisés. Souvent inconsciemment, mais aussi dans l’espoir d’attirer l’attention, d’obtenir une promotion ou des crédits. L’intervention d’un jeune milliardaire américain en a fait la preuve.


© Bill O’Leary/The Washington Post / Getty

Grâce à la fondation Arnold, le psychologue Brian Nosek a pu créer le Centre pour la science ouverte, qui développe des outils favorisant le partage et la reproductibilité des résultats de recherche.

Brian Nosek avait quasiment renoncé à trouver des financements. Pendant deux ans, il avait envoyé des demandes de subventions pour son projet de logiciel. Et pendant deux ans, il avait essuyé des refus, ce qui, en 2011, avait découragé mais nullement surpris ce chercheur de 38 ans. Professeur associé à l’université de Virginie, Nosek s’était fait un nom dans un sous-domaine très en vogue de la psychologie sociale, l’étude de nos biais cognitifs inconscients. Mais son projet ne portait pas sur cela. Du moins, pas exactement. Comme un certain nombre de chercheurs prometteurs de sa génération, Nosek était troublé par l’accumulation d’indices montrant que la science elle-même – dans ses modes de publication, de financement et de promotion – faisait la part trop belle à un certain type de ­recherches : inédites, propres à attirer l’attention, mais en fin de compte sujettes à caution. Les incitations à produire des résultats positifs étaient si fortes, s’inquiétaient Nosek et d’autres, que certains scientifiques écartaient purement et simplement les données qui les gênaient. On avait même donné un nom à ce problème : l’effet tiroir. Et le projet de Nosek consistait à l’empêcher. Il ...
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Rigor Mortis: How Sloppy Science Creates Worthless Cures, Crushes Hope, and Wastes Billions de Richard Harris, Basic Books, 2017

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