Les Chinois contre les OGM
Publié le 15 janvier 2019. Par Olivier Postel-Vinay.
Le progrès technique fait peur, parfois à raison (que l’on pense aux drones militaires), souvent à tort (que l’on pense aux vaccins). L’un des sujets les plus chauds est celui des OGM. Les plantes génétiquement modifiées sont-elles nuisibles pour la santé ? Quantité de militants le pensent, parfois épaulés par des scientifiques. Pour l’heure, le consensus le plus autorisé est qu’il n’existe pas d’indice sérieux en ce sens. Un quart de siècle de consommation de plantes OGM sur la planète permet un recul suffisant, estiment ainsi les académies de sciences américaines dans un volume disponible en ligne. S’il existe un risque, il serait le fait des pesticides dont l’emploi massif est rendu possible par les OGM. Mais là encore, même pour le glyphosate, le consensus majoritaire est pour l’instant négatif. Cela n’empêche pas les craintes de se manifester au grand jour, comme en France et, désormais, plus curieusement, en Chine. Ce pays s’est longtemps fait l’apôtre des OGM, espérant contester l’hégémonie des entreprises occidentales. Mais, depuis quelques années, une coalition inattendue de citoyens chinois agissant sur les réseaux sociaux et de maoïstes de la vieille école oblige les autorités à faire machine arrière. Une enquête menée par la revue Nature montre que plus de 45 % de la population chinoise est désormais hostile aux OGM. Seulement 12 % accordent crédit aux informations diffusées par la voie officielle et moins d’un quart disent faire crédit aux scientifiques eux-mêmes. Comme quoi les théories du complot n’affectent pas seulement l’Occident, observe The Economist.
À lire aussi dans Books : L’Afrique otage des OGM ?, septembre 2010.