Les dangers du consensus scientifique
Publié le 20 juin 2019. Par Amandine Meunier.
Il y a seulement quelques décennies, le monde médical considérait que l’homosexualité était une maladie. Si des voix discordantes ne s’étaient pas fait entendre, ce serait toujours le cas. La remise en cause du consensus a souvent facilité les progrès scientifiques et sociaux. Mais s’opposer au consensus peut aussi être problématique. C’est sur ces cas que se concentrent Inmaculada de Melo-Martín et Kristen Intemann dans The Fight Against Doubt.
Contestation du consensus
Elles conviennent qu’il peut être difficile d’arriver à reconnaître une contestation potentiellement fructueuse d’une opposition dangereuse. Mais les effets de cette dernière peuvent être particulièrement dommageables. Le crédit des scientifiques auprès de l’opinion publique peut être ruiné. Et paradoxalement, elle peut faire oublier que les preuves scientifiques n’ont qu’un rôle limité à jouer dans le débat public.
Comment limiter les dégâts qui peuvent résulter d’une contestation problématique du consensus scientifique ?
Pour les deux auteures, il est important de s’assurer que le public ait confiance dans les scientifiques et cela passe par la résolution des différentes crises qui entachent la crédibilité des institutions de recherche. Mais il faut aussi remettre la science à sa place dans le débat public. L’élaboration des politiques publiques est une question de choix de société et de valeurs et « les dissensions autours des valeurs ne peuvent pas, et ne doivent pas, être tranchées par les scientifiques seuls », écrivent Inmaculada de Melo-Martín and Kristen Intemann.
Vérité scientifique
Elles assurent que même si la vérité est le but de la science, le consensus dans une communauté disciplinaire ne peut pas toujours tenir lieu de vérité.
Remplacer le débat sur la vérité scientifique par un autre sur les valeurs et aspirations de la société « est un bon conseil », note la philosophe Erin Nash dans le magazine Science, « mais cela vaut le coup de garder à l’esprit que certaines discussions vont immanquablement revenir sur les questions factuelles. Si la science a des limites, les valeurs aussi. »
À lire aussi dans Books : Un ancien trader au chevet de la science, mars-avril 2018.