Dans la tête d’Oskar
Publié dans le magazine Books n° 118, mars-avril. Par Caroline Vigent.
Dans une BD aussi virtuose que monumentale, Branko Jelinek donne à voir, de l’intérieur, la souffrance d’un enfant incompris et solitaire. La presse tchèque et slovaque crie au chef-d’œuvre.
La tête d’Oskar Ed ressemble à un œuf, ou à un ballon de baudruche. Blanche, lisse, elle est dénuée d’oreilles, de joues, de nez, de sourcils et de cheveux. De ce masque ne ressortent qu’une bouche et des yeux qui laissent passer un torrent d’émotions dévastatrices. Oskar Ed est le héros du jeune auteur de bande dessinée slovaque Branko Jelinek. Entre 2003 et 2006, celui-ci avait publié trois tomes des aventures de l’Oskar adulte : une œuvre de jeunesse. Puis, en 2015, sortit Mon plus grand rêve, l’histoire d’Oskar Ed enfant : un accomplissement couronnant huit ans de travail, une « œuvre monumentale » marquée par une « maîtrise absolue », selon les critiques slovaques et tchèques (Jelinek vit à présent en République tchèque), persuadés de tenir leur Chris Ware ou leur Charles Burns (bi)national. Les comparaisons avec Franz Kafka, ou encore avec les réalisateurs David Lynch, David Cronenberg et Jan Švankmajer, vont aussi bon train. « Ce livre surpasse toutes les œuvres contemporaines tchèques et slovaques en ...