Publié dans le magazine Books n° 91, septembre/octobre 2018.
Recueilli dans les années 1920, le témoignage d’Oluale Kossola, l’une des dernières victimes de la traite négrière vers les États-Unis, est enfin publié.
Cudjo Lewis, de son vrai nom Oluale Kossola, est arrivé aux États-Unis en 1860 à bord du
Clotilda, le dernier navire négrier en provenance d’Afrique. Officiellement, la traite des Noirs avait été abolie plus d’un demi-siècle auparavant, en 1808. Mais Cudjo Lewis devra attendre la fin de la guerre de Sécession, en 1865, pour être un homme libre. Il vécut dans l’Alabama jusqu’à sa mort, en 1935.
Au début du XXe siècle, « les anthropologues et historiens désireux d’entendre un témoignage de première main sur l’esclavage et la traversée de l’Atlantique cherchèrent à tout prix à le rencontrer », rappelle la professeure de littérature afro-américaine Autumn Womack dans
The Paris Review. L’écrivaine noire Zora Neale Hurston fut de ceux-là. Dans les années 1920, alors étudiante en anthropologie, elle rencontre Cudjo Lewis à plusieurs reprises. Elle tirera de leurs entretiens des articles, un film muet et un manuscrit d’une centaine de pages intitulé « Captiverie », nom donné aux bâtiments où on enfermait les captifs africains avant de les expédier aux Amériques.
Hurston tente en vain de faire paraître ce texte...