Des animaux exotiques

Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, des centaines de milliers de soldats français furent faits prisonniers. Parmi eux, des tirailleurs africains qui suscitèrent la curiosité, la crainte, mais aussi la compassion de la population allemande.


Cette gravure sur bois représente le camp de Wahn, près de Cologne, en 1870. Les habitants venaient observer les « Turkos » comme des bêtes curieuses. © World History Archive/Alamy

Que viennent donc faire tous ces bourgeois endimanchés aux portes de Cologne entre l’automne 1870 et l’été 1871 ? Par centaines, ils se rendent avec femmes et enfants dans un camp de prisonniers. Pendant plusieurs mois, c’est la grande attraction de la ville. Qu’ont donc ces prisonniers de si particulier ? Ce sont des Français, en tout cas des soldats appartenant aux armées françaises, défaites par la Prusse. Et un certain nombre d’entre eux sont noirs. La plupart des habitants de Cologne n’en ont jamais vu.
C’est un épisode que les conflits mondiaux ultérieurs ont rejeté dans l’ombre : après la déroute de Sedan, le 1er septembre 1870, puis la capitulation de Metz, le 27 octobre, 400 000 soldats français sont retenus captifs en Allemagne, dont 19 000 à Cologne. Pour la première fois, on construit d’immenses camps de prisonniers – 200 dans toute l’Allemagne. Les officiers y échappent : « Ils sont logés chez des particuliers ; en échange, ils ont dû promettre de ne pas s’enfuir, rapporte Mario Kramp dans Die Zeit. Ils prennent du bon temps au théâtre ...

LE LIVRE
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1870-71. Franzosen in Köln. Die vergessenen Gefangenen des Deutsch-Französischen Krieg de Mario Kramp, Verlag Ralf Liebe, 2021

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