Des femmes modernes

Dans le Paris de l’entre-deux-guerres, un petit cercle de lesbiennes anglophones joua un rôle essentiel dans l’avènement du modernisme dans l’art. On leur doit la publication de l’Ulysse de James Joyce.


© Gisèle Freund / The LIFE Images Collection / Getty

Paris, 1938. Sylvia Beach entourée de James Joyce et d’Adrienne Monnier dans sa librairie, Shakespeare & Co.

Mesure-t-on bien tout ce que le Paris de l’entre-deux-guerres doit aux lesbiennes anglophones ? D’être devenu non seulement la nouvelle Lesbos, « la capitale saphique du monde occidental », écrit Philip Hensher dans l’hebdomadaire britannique The ­Spectator, mais aussi (et surtout) la capitale de la culture occidentale et le laboratoire du modernisme. Mais pourquoi Paris et pourquoi Sapho ?

Parce que le cours du dollar et, pendant un temps, celui de la livre sterling permettent de vivre en France pour trois francs six sous, du moins jusqu’à la crise de 1929. Et surtout parce que la prohibition qui sévit alors aux États-Unis, en même temps qu’une vigoureuse censure des « mauvaises mœurs » et de leur expression littéraire, conduit artistes et esprits aventureux à fuir un pays « où l’on ne peut ni se procurer Ulysse, de James Joyce, ni boire un verre », écrit la biographe britannique Diana Souhami dans son livre.

Les lesbiennes, elles, fuient moins l’opprobre (voire la prison qui menace encore au Royaume-Uni leurs homologues masculins) que ...

LE LIVRE
LE LIVRE

No Modernism Without Lesbians (« Pas de modernisme sans lesbiennes ») de Diana Souhami, Head of Zeus, 2020

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