Émois russes

Depuis près de trente ans, l’historien et spécialiste de la littérature Andreï Zorine s’intéresse à la vie affective des Russes. À ses yeux, « la vie d’un individu est régie par des “matrices émotionnelles”, c’est-à-dire des façons de sentir et de réagir à des situations données », explique le quotidien Kommersant de Moscou. Les matrices en question prennent leur origine dans les textes littéraires emblématiques d’une époque. L’auteur s’intéresse plus particulièrement à la période préromantique russe : du théâtre classique avec ses passions ampoulées dont s’inspirait la cour de Catherine II à l’introspection des francs-maçons, puis à l’émergence du romantisme, qui a replacé au premier plan le sentiment et l’individualité. Son essai littéraire a également une dimension romanesque. Dans la deuxième partie de l’ouvrage émerge la figure d’Andreï Ivanovitch Tourgueniev (sans lien de parenté avec l’auteur des Carnets d’un chasseur), un jeune fonctionnaire passionné par l’écriture, épris d’une jeune femme promise à son frère. Il décède dans des circonstances incongrues à l’âge de 22 ans, en 1803. Aprè...

ARTICLE ISSU DU N°82

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