En Bulgarie, dans le labyrinthe du « dossier Gary »

Vers la fin de sa vie, Romain Gary se plaisait à narrer ses mésaventures de jeune diplomate en poste dans la Bulgarie communiste, où il aurait même été photographié en posture délicate par les services secrets… Il n’imaginait certainement pas qu’un jour les archives allaient s’ouvrir et raconter, peut-être, une autre histoire que la sienne.


Lesley Blanch et Romain Gary dans le salon de leur appartement, à Sofia. Début 1947, des tirages de cette photo, la seule qu’ils conserveront de leur séjour en Bulgarie, furent envoyés à leurs amis comme carte de vœux.

C’est un épisode de sa vie que Romain Gary aimait visiblement beaucoup raconter. Il date de ses débuts dans la diplomatie, lorsqu’il était deuxième ­secrétaire à l’ambassade de France en Bulgarie, de 1946 à 1948. Après avoir rejoint le général de Gaulle à Londres, combattu pour la France libre en tant que pilote de chasse et publié son premier roman1, le jeune Gary – il a 32 ans – se retrouve aux premières loges pour voir comment un petit pays des Balkans va basculer en l’espace de quelques mois dans le camp soviétique. « C’était passionnant et triste de voir le passage d’un État, d’une pseudo-démocratie monarchiste, à une dictature totalitaire de type stalinien », dit-il dans son dernier entretien, accordé à Radio-­Canada quelques mois avant son suicide, en ­décembre 19802. À Sofia, c’est le ­début de la chasse aux sorcières contre les ­tenants de l’ancien régime. L’opposition est progressivement muselée avant d’être physiquement éliminée, et les représentants des ex-alliés occidentaux se retrouvent en ligne de mire des services secrets communistes. Dans ce bras de fer ...

LE LIVRE
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Romain Gary et le courrier diplomatique français de Raïna Kartcheva, Ciela, 2016

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