Markus Wolf, la médiocrité d’une légende

L’homme qui fut pendant plus de trente ans à la tête des redoutables services secrets est-allemands est souvent considéré comme le plus grand maître-espion du XXe siècle. Mais, au fond, était-il autre chose qu’un apparatchik zélé ?


© Ullstein Bild / AKG

Markus Wolf dirigeait le renseignement extérieur de la RDA depuis 1958. Les services occidentaux ne parviendront à le prendre en en photo que vingt ans plus tard, à Stockholm.

En 1991, j’ai entendu « le plus grand maître-espion du XXe siècle » – comme le dit la jaquette de l’autobiographie de Markus Wolf – témoigner au procès d’un de ses anciens subordonnés devant un tribunal de Munich (1). Le juge commença par demander au « témoin Wolf » de décliner son nom, son adresse, son âge, puis sa profession. « Je suis auteur », répondit Wolf. Des gloussements parcoururent la salle d’audience et même le juge ne put s’empêcher de sourire. De fait, depuis qu’il a pris sa retraite en 1986, après trente-trois années à la tête des services de renseignement extérieur est-allemands, Markus « Mischa » Wolf est un auteur aussi prolifique que couronné de succès. Il a aussi fourni une matière fort lucrative à d’autres écrivains. Dans son premier livre, « La Troïka », paru en 1989, il évoquait son enfance dans le Moscou stalinien des années 1930, aux côtés de son frère, le cinéaste Konrad Wolf, et de deux amis (2). En 1990 parut « Markus Wolf : “Je ne suis pas un espion” » (3), un titre qui mérite indubitablement le prix Kurt Waldheim du déni (4). C’était ...
LE LIVRE
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L’Homme sans visage. Mémoires du plus grand maître-espion communiste de Markus Wolf, Plon, 1998

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