Il est des prénoms qui n’ont pas droit de cité dans la Libye de Kadhafi. Comme celui qu’a choisi Massi, un Touareg Amazigh sédentarisé, pour son premier fils : « Un nom qui n’est pas des nôtres, dans une langue d’un autre temps pour un homme d’une autre civilisation », lui lance l’officier d’état civil. Ce refus de « Jurgerten » (« le grand héros » en berbère), parce que païen et non arabe, lance le héros du dernier roman de l’écrivain libyen Ibrahim Al-Kouni dans un combat acharné pour la reconnaissance de son identité.
« C’est probablement le premier livre d’Al-Kouni à faire le récit d’une expérience réelle sur une question actuelle », note l’écrivain égyptien Hamdi Abou Galil dans le supplément littéraire du quotidien libanais
As-Safir. Jusqu’alors, l’auteur d’une soixantaine de romans et nouvelles s’inspirait essentiellement des contes populaires du désert pour écrire des fables symboliques. Avec « Qui es-tu, toi, l’ange ? », Al-Kouni se fait le porte-voix de son peuple, et dénonce le traitement dont il est victime. Comme le dit un personnage du roman, les ...