Le photographe et écrivain juif polonais Mikołaj Grynberg n’avait que 3 ans en mars 1968, mais le souvenir de la vague antisémite qui a submergé son pays ce mois-là reste associé pour lui au « rejet, au chagrin et à la solitude ». Le régime communiste profita d’une révolte étudiante pour lancer une campagne de haine, qualifiée officiellement d’« antisioniste », qui poussa à l’exil la moitié des 30 000 juifs de Pologne.
Partir ou rester malgré tout ? Grynberg a recherché ceux qui, comme sa famille, ont été confrontés à un dilemme. Il en a tiré un recueil de 80 témoignages qui forment une « mosaïque colorée et fascinante », selon la revue catholique de gauche
Kontakt. Il « montre qu’il n’y a pas un récit commun de cette époque », note le magazine culturel
Szuflada.net. Comme Grynberg, certains y parlent de tristesse et de rejet, d’autres évoquent « la fin des illusions », la perte d’êtres chers, de leur identité. Il est aussi question d’une peur constante, du sens de la dignité ; mais aussi d’épisodes plus joyeux : l’enfance, l’école, les premières amours…
« Chez certains, la rancune s’...