Eugénisme : Harvard et les « brahmanes de Boston »

Dans les années 1910 et 1920, les États-Unis étaient le pays le plus eugéniste du monde. Cette idéologie se fondait sur un consensus scientifique qui avait pour fer de lance les universitaires d’Harvard.


©MPI/Getty

En 1910, les États-Unis limitent drastiquement le flux migratoire. Le soucis de « pureté raciale » était pris très au sérieux par les élites de l'époque.

Il fut un temps où la communauté scientifique américaine était résolument eugéniste, au sens le plus radical du terme. L’université d’Harvard, en particulier, a beaucoup contribué à mener la croisade, comme le raconte le journaliste Adam Cohen dans un livre qui vient de paraître. Avant même Galton, Oliver Wendell Holmes, patron de l’Harvard Medical School, avait publié en 1861 un ouvrage dans lequel il présentait l’élite bostonienne, à laquelle il appartenait, comme dotée de qualités « congénitales et héréditaires ». Il y utilisait une formule qui a fait florès, les « brahmanes de Boston ». Dans un article publié en 1875 dans The Atlantic Monthly, il fit l’éloge du livre de Galton « Le génie héréditaire » : « Si le génie et le talent sont hérités, pourquoi des défauts moraux profondément enracinés ne se retrouveraient-ils pas chez les descendants de monstres moraux ? » En 1894, des anciens d’Harvard se réunirent à Boston pour fonder la Ligue de restriction de l’immigration (qui faillit s’appeler Ligue de l’immigration eugénique). Comme l’expliquait l’un des fondateurs, Robert DeCourcy Ward, « l’immigration est ...
LE LIVRE
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Imbéciles : la Cour suprême, l’eugénisme américain et la stérilisation de Carrie Buck de Adam Cohen, Penguin, 2016

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