Houellebecq en son aquarium

En guerre contre l’« optimisme con », Houellebecq décrit crûment le vide existentiel, la vulgarité ambiante et l’impossibilité de relations humaines dignes de ce nom dans la société actuelle. Dans La Carte et le Territoire, cette description atteint son apogée. On y décèle aussi une peur morbide de l’amour.

Récemment, à Paris, j’ai vécu un moment très houellebecquien. J’étais assis dans un café, pour boire un verre ; sur le mur au-dessus de moi était fixé un écran de télévision que je ne pouvais ni regarder attentivement ni ignorer complètement. Une discussion sérieuse, ou du moins posée, à laquelle participait un journaliste de Libération, y était retransmise. On pouvait lire sur l’écran le sous-titre suivant : « Des stars accusées de plagiat. » Des stars ? Quel genre de stars, dans quel champ de l’activité humaine ? Ou bien le fait d’être une star est-il un champ d’activité en soi ? Et qui, ou quoi, ces stars plagiaient-elles, et comment ? Impossible de le savoir, car le son (Dieu merci !) avait été coupé. Sous la discussion, pendant ce temps-là, une bande défilante à rendre n’importe qui épileptique informait les téléspectateurs (à supposer qu’il y en eût) que l’Irlande venait d’accepter 85 milliards d’euros d’aide pour éviter un effondrement économique total (pas seulement en Irlande), et que la Corée du Nord promettait de riposter impitoyablement aux manœuvres militaires américaines et sud-coréennes. ...
LE LIVRE
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La Carte et le territoire de Houellebecq en son aquarium, Flammarion

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