Indophilie galopante

Ayant dû renoncer à leurs ambitions coloniales en Inde, les Français ont pris la première place pour les études védiques et entretenu un culte fantasmatique de la civilisation indienne.

La guerre de Sept Ans, terminée en 1763, sonne le glas des ambitions françaises en Amérique du Nord mais aussi en Inde, ce qui frappe beaucoup les esprits et afflige Voltaire. Dans Fragments sur l’Inde, sur le général Lalli et sur le comte de Morangiès (1773), il reproche à Louis XV d’avoir fait décapiter Lally (ainsi s’appelait-il) pour sa défaite devant les Anglais à Pondichéry. Mais, ­surtout, il développe une vision fantasmée du sous-continent indien, qu’il présente comme la source de la civilisation, portant au ­pinacle les brahmanes de l’Antiquité. Voltaire se fondait sur un veda qui se révéla plus tard être un faux concocté par des jésuites pour faire se rejoindre la pensée ­védique et le christianisme. L’écrivain n’avait guère d’autre source, car aucun texte sanskrit n’avait encore été ­sérieusement traduit. Cette inter­vention du philosophe est l’une des premières manifestations d’une fascination pour ­l’Inde qui va perdurer chez les Français jusqu’au cœur du XXe siècle. Kate Marsh, de l’...
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Claiming India: French Scholars and the Preoccupation with India in the Nineteenth Century de Jyoti Mohan, Sage, 2019

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