J’accuse (et j’aime ça)

Émile Zola a sa place parmi les plus grands romanciers. Il ne le doit pas à sa méthode prétendument scientifique. Son talent s’exprime plutôt en dépit d’elle.


Émile Zola (ici photographié par Nadar vers 1896) s’est efforcé toute sa vie d’égaler son modèle : Balzac. © AKG

Si, pour Victor Hugo, le grand modèle fut Chateaubriand (« Je veux être Chateaubriand ou rien »), pour Émile Zola, ce fut assurément Balzac. Comme lui, il se lança dans l’écriture d’un grand cycle de romans connectés entre eux, avec pour ambition de rendre compte de tous les aspects d’une époque (Balzac s’était intéressé à la Restauration, lui voulut reconstituer le Second Empire). Il prit tout de même soin de distinguer son approche de celle de son illustre devancier dans un document intitulé « Différences entre Balzac et moi » : Balzac avait été un romancier « social », lui se voulait « scientifique ». Contrairement à l’auteur de la Comédie humaine, il suivrait les membres d’une vaste famille, les Rougon-Macquart, sur plusieurs générations, et démontrerait ainsi le rôle implacable de l’hérédité dans le destin individuel. 

La principale différence, il ne la mentionne pas : Balzac n’avait échafaudé l’organisation globale de ses romans qu’a posteriori, n’ayant l’idé...

LE LIVRE
LE LIVRE

Nana de Émile Zola, Oxford University Press, 2020

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