La fabrique du conformisme

Confrontés à la pression du groupe, la plupart d’entre nous préférons ignorer ce que nous savons être vrai (ou faux) pour nous ranger à l’avis majoritaire. Pis : qu’il s’agisse de convictions politiques ou de certitudes alimentaires, l’influence des autres radicalise la pensée de chacun. Un phénomène inquiétant, que renforcent les réseaux sociaux.

On se laisse parfois convaincre par une rumeur pour la seule raison que d’autres y ont cru. Il arrive aussi que l’on feigne d’y croire : les gens s’autocensurent pour donner l’impression qu’ils pensent comme tout le monde. Cette pression qu’exerce le conformisme illustre bien le mode de propagation de la rumeur, comme l’attestent les recherches menées par Solomon Asch (1). Ce psychologue s’est demandé si les individus étaient prêts à ignorer les preuves irréfutables fournies par leurs propres sens. Dans ces expériences célèbres, le sujet est intégré à un groupe de sept à neuf personnes qui sont en réalité complices du chercheur. La tâche est d’une simplicité risible : il s’agit de comparer une ligne tracée sur un carton blanc à trois autres lignes, et de l’associer à celle dont la longueur est identique. Les deux autres sont d’une taille nettement différente, entre deux et quatre centimètres de plus ou de moins. Lors des deux premières sessions, tout le monde donne la même bonne réponse. « Le choix est simple, et chaque individu rend uniformément le même avis. » ...
LE LIVRE
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Anatomie de la rumeur de Cass R. Sunstein, Markus Haller, 2012

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