La folie en héritage

Enfant, la journaliste argentine Laura Haimovichi ne pouvait prononcer le nom de son grand-père devant sa mère sans que celle-ci ne sombre dans une dépression qui pouvait durer des semaines. Ce grand-père s’appelait Aaron. Écrivain et journaliste juif, il avait émigré en Palestine dans les années 1930. C’est là, en Terre sainte, qu’aspiré par une bouffée délirante, il se découvrit un don pour les langues et commença à se prendre pour le nouveau Moïse. Le « syndrome de Jérusalem », résumaient les psychiatres de l’asile où, après son départ pour l’Argentine, Aaron Spivak fut enfermé à de multiples reprises, soumis aux électrochocs et à une lobotomie. Il a fallu cinquante ans à Haimovichi pour affronter ce secret de famille. Dans « Le legs d’Aaron », la journaliste tente de « reconstruire la trame familiale », lit-on dans Clarín. Elle exhume lettres et photos de son aïeul pour « trouver une raison aux silences, combler les trous qui se sont creusés à mesure que le récit familial se transmettait de génération en génération ». Entre fiction, autofiction, enquête et chronique, la journaliste retrace, à travers l’histoire de sa famille, celle du judaïsme argentin au XXe siècle. « Une fresque, en miniature, de toute une collectivité, une histoire de l’exil et de l’intégration, marquée au fer rouge de la persécution. »
LE LIVRE
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Le legs d’Aaron de Laura Haimovichi, Ayesha Literatura Ediciones, 2015

ARTICLE ISSU DU N°79

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