La Slovaquie en face
Publié dans le magazine Books n° 111, octobre 2020.
L’écrivain slovaque Peter Pišťanek s’est suicidé en 2015, à 55 ans. De l’avis général, il avait révolutionné la littérature de son pays dans les années 1990 avec ses romans situés dans le monde de la pègre et ses personnages dont il rendait à merveille le langage brutal et vulgaire – on peut lire de lui en français Rivers of Babylon (Fayard, 2010). La parution d’On, Pišťanek, la biographie que lui consacre le critique littéraire Peter Darovec, a été l’occasion de lui rendre un nouvel hommage dans la presse.
« En lisant la monographie de Darovec, j’ai réalisé à quel point ce mélange de maîtrise narrative, de richesse expressive et de jeu intertextuel m’avait enchanté. Aucun autre romancier slovaque ne m’a procuré autant d’étonnement, de plaisir et d’enthousiasme depuis », note l’écrivain et critique Dado Nagy dans le quotidien Denník. « Quand je lisais Pišťanek, je ne pouvais m’empêcher de rire aux éclats », se souvient l’écrivain et journaliste Márius Kopcsay dans le quotidien Sme.
« Je conçois l’écrivain comme un clown, dont la mission est de divertir son public tout en lui parlant de choses sérieuses », disait Pišťanek. Mission accomplie, selon son biographe : « Pišťanek ne s’embarrassait pas d’exposés psychologiques et n’ennuyait pas ses lecteurs avec des considérations moralisatrices, rappelle Darovec dans le quotidien anglophone The Slovak Spectator. Il décrivait avec brutalité, cynisme et humour la réalité que tout le monde dans ce pays post-communiste ressentait sans parvenir à l’exprimer. »