La vie devant soi, mode d’emploi
Publié dans le magazine Books n° 20, mars 2011.
Y aurait-il quelque chose de commun entre Romain Gary et Georges Perec ? Il faut croire que cela nous avait échappé.
Quelle mouche a piqué le traducteur et biographe de Perec d’entreprendre une biographie de Gary ? David Bellos, qui reçut un prix pour sa traduction de La Vie mode d’emploi et dont le livre sur Perec est disponible en français (1), ne semblait pas prédestiné à s’intéresser à ce baroudeur des lettres, à ce romancier populaire boudé par le gratin de la critique. Le déluge d’articles qui salue sa biographie dans la presse anglo-saxonne s’intéresse d’ailleurs avant tout à la personnalité « caméléon » de Gary-Ajar (2), à sa double vie d’auteur et à ses vies multiples, moins à l’écrivain en tant que tel. L’exception est un court article paru dans l’hebdomadaire conservateur britannique The Spectator, signé du romancier écossais Gilbert Adair, par ailleurs critique de cinéma, connu pour avoir traduit La Disparition de Perec (comme l’original, le texte anglais ne contient aucun « e ») : « Je confesse n’avoir jamais réussi à terminer un livre de Romain Gary, écrit-il. Quand je vivais à Paris dans les années 1970, il était mon voisin. Figure de Saint-Germain-des-Prés, “déguisé en lui-même”, selon l’expression de Bellos, le ...