Le laboratoire de la haine

Pour comprendre l’enjeu (et l’audace) d’un livre comme Everyday Communalism, il faut avoir en tête l’importance politique de l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde (plus de 200 millions d’habitants). En mars 2017, le parti nationaliste hindou BJP y remportait un scrutin décisif : le ministre en chef est désormais un moine hindou connu pour son extrémisme, Yogi Adityanath. Depuis son accession au pouvoir central en 2014, le BJP poursuit avec succès son travail de conquête du territoire et des esprits. En Uttar Pradesh, la violence intercommunautaire (des hindous à l’encontre des musulmans, en l’occurrence) s’est nettement aggra­vée ­depuis les années 1970. Or « des doses quotidiennes de haine religieuse, ce qu’on appelle en Inde le “communalisme”, creusent les divisions anciennes de la ­société, provoquant des dommages durables », note à propos du livre le quotidien The Indian Express. Entre communautés, la violence est devenue « intense et continue », écrit de son côté le quotidien indien progressiste The Hindu. Pourquoi ? Au fil des études, les chercheurs ont montré que la « concurrence économique » a attisé la haine entre les communauté...
LE LIVRE
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Everyday Communalism: Riots in Contemporary Uttar Pradesh de Sudha Pai et Sajjan Kumar, Oxford University Press India, 2018

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