Publié dans le magazine Books n° 70, novembre 2015.
Les dirigeants du Reich savaient que leurs alliés ottomans planifiaient l’anéantissement de la minorité arménienne. Ils n’ont rien fait pour l’empêcher.
Au moment du génocide arménien, en pleine Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman était l’un des principaux alliés de l’Allemagne. La complicité éventuelle de celle-ci a donné lieu à des publications, notamment de la part du grand spécialiste Vahakn N. Dadrian, dans les années 1990. Mais toujours en anglais. Le journaliste Jürgen Gottschlich est le premier Allemand à faire paraître un livre sur le sujet.
À l’instar de Dadrian, Gottschlich souligne la responsabilité de son pays dans le génocide. (1) D’après ses recherches, un certain nombre de décideurs civils et militaires ont, au mieux, laissé faire, au pire, contribué à la radicalisation des dirigeants turcs. Dès février 1914, le maréchal Colmar von der Goltz déclare que ces derniers seraient bien inspirés de déporter les Arméniens, afin de se prémunir contre un « coup de poignard » dans le dos.
Gottschlich « montre à quel point les relations entre les figures clés du côté turc et du côté allemand étaient étroites. Il décrit, par exemple, l’amitié entre le ministre de la Guerre ottoman Enver Pacha et Hans Humann, cet attaché naval qui fit tout ...