Le bel avenir du racisme biologique
Publié le 21 janvier 2016. Par La rédaction de Books.

Plus de 2 000 actes et menaces racistes, antisémites et antimusulmans ont été comptabilisés en France en 2015. Même si la montée des haines culturelles ou religieuses, ces derniers temps, paraît témoigner d’une évolution des ressorts de la violence, le racisme traditionnel n’a pas pour autant disparu : les théories sur les différences biologiques entre les groupes humains sont toujours vivaces. Quels que soient les arguments avancés par les sociologues pour montrer que la race est une construction sociale, les scientifiques des autres disciplines entretiennent souvent une conception biologique des différences humaines. C’est le constat fait par Ann Morning dans The Nature of Race, livre qui révèle le poids de cette thèse dans le système éducatif américain : biologistes, anthropologues, manuels scolaires, étudiants continuent de propager l’idée en l’adossant à la science. En particulier à la génétique, où la notion de races revient en force. Dans A Troublesome Inheritance, le journaliste scientifique Nicholas Wade affirme ainsi que l’analyse du génome humain a montré qu’il existait des caractères génétiques propres aux populations de chaque continent. Et ces différences, selon lui, expliquent les comportements sociaux (la propension à l’agressivité, à la coopération, à la confiance, etc.) et les institutions propres à tel ou tel groupe. Ce raisonnement désole le biologiste Allen Orr dans la New York Review of Books : oui, les scientifiques expliquent que la prévalence de certains gènes n’est pas la même partout, et qu’il existe des profils génétiques spécifiques à telle ou telle région. Mais rien ne permet d’en déduire, comme le fait Wade, que les gènes sont au fondement des différences de civilisations et de comportements. « L’auteur n’apporte quasiment aucun élément tangible à l’appui de ses thèses », souligne Allen Orr. Mais son livre, paru en 2014 outre-Atlantique, s’est classé parmi les best-sellers.
En savoir plus : Le racisme biologique n’est pas mort, Michel Wieviorka, les blogs de Books.