Le nez sur sa machine

L’utilisation compulsive du smartphone se généralise, bouleversant les relations sociales, amicales et familiales. En filigrane, l’émergence d’une véritable addiction, notamment chez les jeunes, qui ne doit rien au hasard. Le modèle économique des géants de l’Internet est fondé sur la création d’une dépendance chez l’utilisateur.


©Alfred Cromback/Le Carton/Picturetank

Se connecter libère une dose de dopamine dans le cerveau, en même temps que l’envie irrésistible d’une nouvelle dose.

« De même que fumer occupe nos mains quand nous ne les utilisons pas, Time occupe notre cerveau quand nous ne sommes pas en train de penser », écrivait le journaliste et critique Dwight Macdonald en 1957. À l’ère du smartphone, le problème ne se pose plus jamais. Nos mains et notre cerveau sont en permanence accaparés par l’envoi de textos, la rédaction de e-mails, les « like », les tweets, les vidéos sur YouTube ou une partie de Candy Crush. Les Américains passent en moyenne cinq heures et demie par jour sur les médias numériques, dont la moitié à partir d’un appareil mobile, selon le cabinet d’études eMarketer. Et les chiffres sont encore plus élevés pour certaines catégories. Les étudiantes de l’université Baylor, à Waco (Texas), déclarent utiliser leur portable en moyenne dix heures par jour. Les trois-quarts des 18-24 ans affirment consulter leur téléphone dès le réveil. Les Britanniques vérifient leur appareil 221 fois dans la journée – une fois toutes les 4,3 minutes en moyenne. Et ce chiffre est sans doute en dessous de la réalité, car nous avons tendance à sous-estimer notre usage ...
LE LIVRE
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Reconquérir la conversation : le pouvoir de la discussion à une époque numérique de Sherry Turkle, Penguin, 2015

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