Dans
Il selfie del mondo, le journaliste Marco d’Eramo qualifie notre époque d’« ère du tourisme ». « Il nous invite à le faire de la même manière qu’on parle de l’ère de la machine à vapeur, de l’acier ou de l’impérialisme », écrit Marco Dotti dans la revue
Alfabeta2. Loin d’être une variable superficielle, un simple trait culturel, le tourisme est au cœur de notre système industriel et économique. Las Vegas ou Venise en vivent, comme on dirait de Turin qu’elle vit de Fiat. À New York, Wall Street génère moins de revenus que les touristes. Et que deviendrait l’industrie, aéronautique pour n’en citer qu’une, sans le tourisme ? Nerf de la guerre, le tourisme est le produit d’une postmodernité qui n’est pourtant rien sans acier, voitures, avions, bateaux, hôtels : cette matérialité qui l’ancre dans la lourdeur industrielle. Un tourisme paradoxal dont les villes vivent et meurent à la fois. Car s’il fournit à l’Italie 10 % de son PIB, il fait de Venise ou de Florence des caricatures d’elles-mêmes, des villes-musées où l’authenticité recherchée ...