Sommes-nous si faciles à manipuler ?


© Michael Ares / The Palm Beach Post / ZUMA / Rea

Les renseignements que Facebook se procure sur notre vie privée proviennent, entre autres, des photos de vacances, d’enfants ou de concert (comme ici) que nous publions sur le réseau.

En 2004, Facebook s’appelait « the facebook ». Il était réservé aux condisciples de Mark Zuckerberg à Harvard. Treize ans plus tard, le réseau a dépassé le cap des 2 milliards d’utilisateurs actifs par mois. Et, comme le remarque John Lanchester dans la London Review of Books, la confiance de ces utilisateurs continue de croître : 66 % s’en servent chaque jour (55 % en 2012). Mais ce ne sont pas des clients. Les clients, ce sont les entreprises qui placent des publicités sans cesse plus ciblées, en fonction des données personnelles recueillies. Il en va de même pour YouTube, la filiale de Google, avec son milliard et demi d’utilisateurs. Et des autres réseaux ­sociaux ou applications : WhatsApp en revendique 1,2 milliard, Messenger le même nombre, Instagram 700 millions – tous trois propriété de Facebook. Comme en Chine aussi (WeChat, 890 millions), la rencontre entre le « big data », les réseaux sociaux et les apports de la psychologie comportementale bouleverse les rapports non seulement entre vendeurs et acheteurs, mais entre diffuseurs et consommateurs de « faits » et d’idées. Elle offre aux bonimenteurs de toute espèce, privés et publics, une occasion sans précédent d’exercer leurs talents. Sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Bienvenue dans l’ère de la grande manipulation ! Sommes-nous donc assez stupides pour nous laisser faire à ce point ?   Dans ce dossier :

Pour aller plus loin

La siliconisation du monde, d’Éric Sadin (éditions L’Échappée, 2016). « La Silicon Valley ne renvoie plus seulement à un territoire, c’est aussi et avant tout un esprit, en passe de coloniser le monde ». Critique du « technolibéralisme ».
La nouvelle servitude volontaire. Enquête sur le projet politique de la Silicon Valley, de Philippe Vion-Dury (FYP éditions, 2016).« Les entreprises de haute technologie veulent dessiner un monde meilleur en prenant en main la majorité des aspects de notre quotidien ». Par un journaliste. Bien informé.

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