Les malheurs de la vertu
Publié dans le magazine Books n° 16, octobre 2010.
Tout semblait destiner le jeune Marcus Messner à une existence médiocre et sans histoires. Étudiant consciencieux, surprotégé par son père, le personnage d’Indignation diffère des précédents héros de Philip Roth par son caractère passif et accommodant. La mort violente de ce gentil garçon juif – qui confirme ironiquement les craintes irrationnelles de son père – donne au roman l’allure d’une fable « à l’humour sombre », « démontrant le danger des prophéties autoréalisatrices et la folie de croire qu’être un étudiant travailleur met à l’abri des caprices du destin », écrit Michiko Kakutani dans le New York Times. Indignation n’a, certes, ni l’ambition ni la portée de Pastorale américaine ou J’ai épousé un communiste, concède Jason Cowley dans le Guardian, mais « un grand écrivain reste un grand écrivain, même quand il s’est mis en pilotage automatique ».