Olivier Bomsel : « La corruption est un concept attaché à un ordre social »

La corruption est institutionnelle dans la majorité des pays, car les structures claniques y jouent un rôle central. Elle ne devient un dysfonctionnement que dans les pays démocratiques respectueux de l’État de droit, essentiellement en Europe et en Amérique du Nord.

  Olivier Bomsel est professeur d’économie à Mines ParisTech. Son dernier ouvrage, La Nouvelle Économie politique (Gallimard, 2017), porte largement sur les ordres d’accès ouvert et limité.   Comment expliquez-vous que la corruption occupe aujourd’hui le devant de la scène, alors que, selon Paul Collier, elle n’attirait guère l’attention il y a seulement une génération ? C’est une question difficile car elle exige qu’on explique comment ont évolué certaines croyances sociales. Or ces croyances sont liées à des systèmes institutionnels. La corruption est un concept attaché à un ordre social, c’est-à-dire à la façon dont la société s’organise pour contenir la violence. Publiée en 2009, la théorie des ordres sociaux est un référentiel indispensable pour appréhender ce phénomène et les croyances qui s’y rapportent. Dans la plupart des sociétés, la gestion de la violence est confiée à une coalition d’élites plus ou moins stable. Cette coalition use de son pouvoir pour concéder des accès – des ressources, des privilèges, des exclusivités – en échange d’...
LE LIVRE
LE LIVRE

Violence et ordres sociaux de Douglass North, John Joseph Wallis et Barry Weingast, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 2010

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