Peut-on critiquer Bill Gates ?

N’est-il pas problématique qu’une entité privée donne chaque année davantage pour la santé dans le monde qu’un pays comme l’Allemagne et qu’elle contribue au budget de l’Organisation mondiale de la santé à hauteur de 10 % ? La question est au cœur d’« Il n’y a pas de don gratuit », l’essai que la sociologue Linsey McGoey consacre à la fondation Gates. Si la sincérité de l’entreprise n’est pas en cause (Bill et sa femme Melinda « font un bien considérable », admet l’auteure), celle-ci ne serait pas sans effets pervers. « La fondation favorise d’ambitieux programmes de vaccination et d’éradication des maladies, écrit par exemple Andy Beckett dans le Guardian. Mais un panel convaincant de professionnels cités par McGoey affirme que ces programmes en évincent d’autres, moins coûteux et plus rapides. » D’une façon générale, la chercheuse s’inquiète de ce que Bill Gates et d’autres « philantrocapitalistes » – comme elle appelle ces poids lourds de la charité – en viennent à déterminer l’agenda et les objectifs de la lutte contre la pauvreté : selon elle, les institutions et les gouvernements craignent tellement de perdre leurs précieux financements qu’aucun d’eux ne prend le risque de les critiquer.
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Il n’y a pas de don gratuit : la fondation Gates et le prix de la philanthropie de Linsey McGoey, Verso, 2015

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