Les plaies de l’esclavage

Le romancier noir Colson Whitehead revisite l’histoire de la traite négrière. Sur un ton froid et distancié, il contourne les clichés et démontre, s’il le fallait encore, combien la mémoire de ce passé est restée à fleur de peau.

 


©Don Troiani / Bridgeman

Plantation de coton dans le sud des États-Unis, vers 1860. L'héroïne de Colson Whitehead tente de fuir vers un État non esclavagiste du Nord.

Les États-Unis n’en finiront sans doute jamais de lécher la grande blessure de leur histoire : l’esclavage. C’est au tour de Colson Whitehead de rouvrir la plaie, avec un roman qui lui a valu le National Book Award 2016 et a été propulsé d’emblée au rang de best-­seller, notamment grâce aux bons ­offices de la toute-­puissante Oprah Winfrey et de son émission de télévision à succès. Il faut dire que l’auteur « a été célébré aux États-Unis avec enthousiasme, comme un fils prodigue qui rentre au pays », écrit Thomas Chatterton Williams dans la London Review of Books. Issu de cette grande bourgeoisie noire qu’il a gentiment brocardée dans son précédent succès, Sag Harbor, Colson Whitehead (« Tête blanche » en anglais) manie son délicat sujet avec beaucoup d’originalité et d’impertinence. L’originalité, d’abord : pour fuir un maître sadique, la jeune Cora a recours au fameux underground railway, nom donné à un réseau d’activistes blancs qui aidaient les esclaves à gagner les États non esclavagistes du Nord. Sauf que, dans le roman de Whitehead, il ...
LE LIVRE
LE LIVRE

The Underground Railroad de Colson Whitehead, Fleet, 2016

SUR LE MÊME THÈME

Bestsellers Les recettes de Monsieur Longévité
Bestsellers À la recherche du folklore perdu
Bestsellers L’homme qui faisait chanter les cellules

Aussi dans
ce numéro de Books