Publié dans le magazine Books n° 106, avril 2020.
Colin O’Brady fascine les Américains avec le récit de sa traversée de l’Antarctique en solitaire et sans assistance. Plus d’un siècle après Scott et Amundsen, le « continent blanc » fait toujours rêver.
En 2020, les Américains restent fascinés par la Frontière. Vu le relatif désinvestissement de l’exploration spatiale et des vols habités depuis les années 1970, l’Antarctique offre une solution de repli terrestre, suggérait déjà en 1997 le critique et poète Al Alvarez dans
The New York Review of Books.
Le mythe continue d’opérer, comme en témoigne le succès de
The Impossible First, dans lequel l’ancien triathlète américain Colin O’Brady raconte sa traversée de l’Antarctique en solitaire et sans assistance en 2018. Une première.
Diverses équipes avaient déjà accompli ce périple, mais elles étaient dotées de véhicules motorisés et avaient été ravitaillées sur le trajet. Il y a quatre ans, l’explorateur britannique Henry Worsley y avait trouvé la mort. L’écrivain et journaliste américain David Grann a relaté son aventure malheureuse dans
The White Darkness (2018).
En fait, l’exploit de Colin O’Brady – et le récit qu’il en fait – s’inscrit dans une tradition vieille de plus d’un siècle. Mais qu’...