Publié dans le magazine Books n° 41, mars 2013. Par Malise Ruthven.
Souvent dénoncé comme le symbole d’un islam patriarcal et misogyne, le hijab fut un temps, dans les années 1970, le vêtement d’adoption d’Égyptiennes éduquées et souhaitant s’engager dans la vie active. S’il fut par la suite détourné par des mouvements islamistes, il n’a pas perdu toutes ses vertus : il protège le corps féminin et gomme les écarts de richesse.
En 1956, l’historien Albert Hourani, célèbre pour sa magistrale « Histoire des peuples arabes », écrivit un court article dans le
Courrier de l’UNESCO, dans lequel il prédisait que le hijab, le voile porté par les femmes musulmanes, était voué à disparaître dans les pays arabes « avancés » tels que l’Égypte, et ne se maintiendrait que dans des « régions arriérées » telles que le Yémen et l’Arabie saoudite, où perdurait l’« ordre ancien ». Plus d’un demi-siècle plus tard, le voile est fièrement, voire crânement, arboré par des étudiantes de première année d’Harvard. Sans parler de la partie féminine du public venu assister, au Sheldonian Theatre d’Oxford, à un débat entre le professeur Tariq Ramadan et Shaikh Hamza Yusuf Hanson, le célèbre converti américain. Dans le monde de l’après-11 Septembre, comme le souligne Leila Ahmed dans son livre émouvant bien qu’érudit, le voile porté par les femmes vivant dans des pays occidentaux tels que le Royaume-Uni ou les États-Unis a fini par symboliser un large éventail d’attitudes, allant de la résistance contre l’islamophobie ou ...