Protester, avant ou avec Internet

Pour porter leurs fruits, les mouvements de masse devraient s’inspirer de celui des droits civiques aux États-Unis.

Les 50 ans de Mai 1968 sont l’occasion de poser cette question : à quoi sert de manifester ? Elle a été explorée récemment dans The New Yorker par le journaliste Nathan Heller à partir de cinq livres récents. Dans Direct Action (« Action directe »), L. A. Kauffman, une vétérane des mouvements de gauche, analyse un demi-siècle de contestation (1). Pour elle, le moment fondateur est la mani­festation du 1er mai 1971 à Washington contre la guerre du Vietnam. Sans avoir eu besoin d’instructions diffusées par des leaders, les manifestants avaient bloqué les ponts et les autoroutes autour de la capitale. C’était l’avènement d’une « nouvelle forme de radicalisme », déployant des techniques d’obstruction conçues par la base. Kauffman y voit l’origine de la plupart des mouvements efficaces des décennies suivantes, notamment Act Up et Earth First ! Dans Assembly (« Assemblée »), deux marxistes de la vieille école, Michael Hardt et Antonio Negri, théorisent sur les mouvements de masse dépourvus de leaders (2). « Les gens n’ont nul besoin qu’on leur donne la ligne du parti pour éclairer et guider leur action, écrivent-ils. Ils sont en ...
LE LIVRE
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Twitter and Tear Gas: The Power and Fragility of Networked Protest de Zeynep Tufekci, Yale University Press, 2017

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