Dans les semaines qui ont suivi l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018, l’universitaire saoudienne Madawi al-Rasheed ne voyait qu’une solution pour sauver la réputation de son pays : le roi Salman devait destituer son fils, le prince héritier Mohamed Ben Salman, dit MBS. Elle rappelait dans une tribune publiée dans
The New York Times que ce ne serait pas la première fois qu’un homme fort du royaume se verrait ainsi écarté. Restait, selon elle, un problème de taille : « On ne sait pas très bien si le vieux roi Salman a vraiment conscience des dégâts causés par MBS. »
Les luttes de pouvoir au sein de la famille royale sont taboues. Dans
Salman’s Legacy, l’ouvrage qu’elle a coordonné avant l’affaire Khashoggi, Al-Rasheed précise que spéculer sur le sujet constitue « une infraction pénale ». Mais les rumeurs, souvent relayées sur les réseaux sociaux, abondent et sont une source essentielle d’information. « Al-Rasheed montre de façon convaincante l’intérêt (voire la nécessité) de prendre les rumeurs sur la maison des Saoud au sérieux....