Traduire L’Étranger de Camus

Une universitaire américaine s’est risquée à proposer une quatrième traduction en anglais du roman phare de Camus. Mais comment rendre « Maman est morte » et « Je me suis aperçu qu’il me tutoyait » ? Elle réussit là un tour de force.

L’Étranger, d’Albert Camus, est l’un des romans français du XXe siècle parmi les plus lus ; pour les Américains, il compte énormément dans la perception culturelle de l’identité française après la Seconde Guerre mondiale. On y voit – ce qui aurait d’ailleurs irrité Camus – le roman existentialiste par excellence. Pourtant, la plupart des lecteurs américains (et bien sûr du monde entier) n’abordent pas directement le texte original, mais sa traduction. Pendant de nombreuses années, la version de Stuart Gilbert, publiée en 1946, fut le texte anglais de référence. Dans les années 1980, deux nouvelles traductions vinrent la supplanter, l’une du Britannique Joseph Laredo, et l’autre de l’Américain Matthew Ward. Très respectée, la version de Ward rendait le langage du roman plus moderne, plus américain, et un examen de ses choix révèle une solide réflexion et de judicieuses intuitions. Toute traduction est nécessairement une façon de réexaminer le roman : le traducteur décide de quel Meursault nous allons rencontrer, et sous quel éclairage nous le comprendrons. Sandra Smith, une Américaine ...
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The Outsider de Traduire L’Étranger de Camus, Penguin

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