Qui connaît Guadalupe Nettel ? En France, encore peu de lecteurs sans doute. Cette quadragénaire a pourtant su s’imposer comme l’une des principales représentantes de la nouvelle littérature latino-américaine. Elle a construit une œuvre, reflet d’une manière d’être au monde toute particulière, entre délicatesse et étrangeté, fantastique et réalité, vie quotidienne et anormalité. En 2014, l’Espagne lui a décerné le prestigieux prix Herralde pour son troisième roman,
Après l’hiver, qui vient d’être traduit en français.
Deux voix s’y font entendre : celle de Cecilia, étudiante mexicaine venue terminer sa thèse à Paris, et celle de Claudio, éditeur cubain réfugié à Manhattan. Lui est cartésien, obsessionnel, sardonique, misogyne. Il vit dans un appartement sombre et minuscule, et cela lui plaît. Isolé dans sa « bulle de ciment », il écoute Keith Jarret et lit César Vallejo à longueur de journée. Cecilia, elle, suit un parcours initiatique qui la mène du Paris festif de la communauté latina – un Paris qui n’est pas celui qu’elle est venue chercher – au Paris mélancolique, gris et triste du Père-Lachaise, ...