Ulrich Alexander Boschwitz aurait pu devenir l’un des grands noms de la littérature allemande du XXe siècle. Mais, le 29 octobre 1942, le navire sur lequel il avait embarqué fit naufrage au nord-ouest des Açores, touché par une torpille. Il y eut une poignée de survivants ; il n’en fit pas partie. Que faisait cet Allemand de 27 ans sur un bateau britannique qui, parti d’Afrique du Sud trois semaines plus tôt, faisait route vers Londres ? Boschwitz avait fui l’Allemagne nazie avec sa mère en 1935 à cause de ses origines juives, gagnant la Suède, puis la Norvège, Paris, Bruxelles et enfin l’Angleterre où, bien qu’exilé, il avait été interné en tant que ressortissant d’un pays ennemi puis déporté en Australie. Le voyage fatal était son trajet de retour : il avait été autorisé à regagner l’Europe.
Avec lui disparut le manuscrit d’un roman sur lequel il misait beaucoup, dont une première version avait été publiée en 1939, directement en traduction anglaise, sous le titre
The Man Who Took Trains. Avant d’embarquer, « le jeune écrivain avait apparemment pressenti son destin et écrit à sa mère,...